vendredi 25 février 2011

The Daily lorgnerait du côté des tablettes Android

Pour faire suite au mini-essai publié dimanche soir, voici un lien vers un article de Technaute (Cyberpresse.ca). Il faudrait maintenant que l'idée de Ruppert Murdoch fasse ses petits dans le monde entier...


« The Daily, le quotidien numérique lancé en grande pompe au début de février par News Corp., pourrait être offert en version pour tablettes Android dès le printemps prochain, selon des sources citées jeudi par la blogosphère américaine. »

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dimanche 20 février 2011

Qui table sur qui ?

Billet relatif au mini-essai #1

Apple a ouvert la voie il y a un an avec l’iPad. Samsung emboîtait le pas de la firme pommée à l’automne dernier avec Galaxy. Mais c’est lors du Mobile World Congress, qui a eu lieu du 14 au 17 février derniers à Barcelone, que la plupart des constructeurs qui souhaitent se positionner sur le marché des tablettes numériques sont venus dévoiler leurs modèles.
Dans l’absolu, et pour une majorité de personnes, une tablette numérique n’est pas plus essentielle à l’Homme qu’un téléphone dit intelligent. L’objet a plutôt été pensé pour générer chez l’utilisateur, souvent passionné de gadgets high-tech, un caractère « indispensable » à son environnement numérique voire un comportement addictif, ce qui peut grandement intéresser les diffuseurs de publicités.
Qu’il s’agisse du Playbook de RIM (concepteur du BlackBerry) du HTC Flyer ou de la gamme Galaxy de Samsung, la philosophie technologique d’une tablette numérique reste la même d’un constructeur à l’autre. L’agence de conseil Deloitte lui donne la définition suivante : « Les tablettes internet, ou web tablettes, tablettes media, nettabs ou ardoises sont des appareils mobiles munis d’écrans tactiles de 5 à 11 pouces, conçues pour accéder principalement à des contenus via Internet, […] » (Deloitte, 2010: 8). Cette vision, pour le moins simpliste, omet les caractéristiques techniques que sont capables d’embarquer les ordinateurs portables, ce qu’est à la base une tablette numérique.
Prolongement sensoriel
Il s’agit, certes, d’un ordinateur dont l’interface utilisateur a été simplifiée. Mais c’est surtout une interface mobile par excellence, utilisant les moyens de communication modernes, et qui se met en marche à la vitesse d’un téléphone portable, ce qui lui donne une instantanéité d’utilisation nettement supérieure à son aîné pliable. Tel un couteau suisse numérique, elle est à la fois outil de captation/saisie (son, image et texte), outil de transformation de ces éléments (édition) et enfin outil de réception/diffusion puisque connectée en permanence à internet. Une tablette numérique constitue donc, non pas le chaînon manquant entre l’ordinateur portable et le smartphone comme le prétend Steve Jobs dans sa keynote du 27 janvier 2010, mais plutôt la fusion des fonctions principales disponibles sur ces deux appareils, dans un objet unique et ultramobile.
D’un point de vue plus philosophique, la tablette numérique est donc une machine qui communique avec l’utilisateur par le biais de canaux certes codés, mais connus de tous voire innés : voir, lire, entendre, toucher, déplacer un objet… Elle devient par là même un prolongement de l’Homme puisqu’elle participe à son intention de recevoir/stocker/envoyer et donc à l’accélération des messages. En cela, elle constitue un des nombreux vecteurs contemporains de la communication publique.
La presse s’empresse
En dehors de ces nombreuses possibilités basiques que lui confèrent la connexion à internet, son écran et son interface tactile, la tablette numérique a immédiatement été perçue — particulièrement lors de la sortie de l’iPad début 2010 — comme LE nouveau support de diffusion pour la presse écrite, secteur industriel qui connaît une crise économique mondiale sans précédent. À la demande de ses abonnés/adhérents — français pour la plupart —, le magazine professionnel Les clés de la presse avait organisé à cet effet une conférence-présentation de la tablette numérique, en l’occurrence de l’iPad puisque la seule commercialisée à l’époque. Le petit reportage qui recueille les avis de ces différents responsables de publication est assez éloquent.




Néanmoins, certains groupes de presse vont franchir le Rubicon. À commencer par le mensuel américain Wired, par ailleurs spécialisé en nouvelles technologies, qui quelques mois après la sortie de l’iPad propose la vente en ligne de son magazine, selon une maquette interactive entièrement repensée pour le support électronique mobile.
D’autres tentatives toujours en vie sont lancées à la fin de l’année 2010 : Richard Branson, le patron aventurier de Virgin annonce la sortie de Project, magazine culturel interactif exclusivement numérique et vendu dans un premier temps sur iPad.

Richard Branson lance Project - Image prise sur son blog chez Virgin (http://www.virgin.com/richard-branson/blog/launching-project-virgins-i-pad-magazine/)

La maquette est belle, particulièrement léchée au point d’en oublier le principal… L’information passe en effet inaperçue derrière les animations variées, diaporama et autres publicités interactives. Soyons néanmoins beaux joueurs sur cet essai, car le journalisme n’est certainement pas la principale préoccupation de Virgin qui a mieux à faire avec un média qui sera fidèle à son identité commerciale, comme tenter de relancer l’industrie de la musique à travers de nouvelles formes de communication publique.
Pourtant, Apple, dans ses campagnes commerciales, ne manque pas de mettre en avant les produits du journalisme en renvoyant notamment la balle au New York Times, lequel quotidien avait dû rendre son site internet « iPad ready » pour être en harmonie commerciale avec le constructeur de Cupertino, lors du lancement de l’iPad. Concurrence oblige, USA Today avait d’ores et déjà poussé la réflexion plus loin en rendant accessible et en adaptant leur site pour n’importe quel appareil mobile par le web.
Plus récemment, le lancement de The Daily, nouveau produit du géant de la presse, Rupert Murdoch, a également eu lieu aux côtés de représentants de la fameuse Pomme. Il s’agit là en revanche d’une application spécifique qui vend l’édition électronique de The Daily selon une formule d’abonnement interne par l’AppStore, le magasin en ligne d’Apple. La presse sort donc des circuits traditionnels de distribution ce qui n’est pas sans provoquer quelques remous sociaux, particulièrement en France. Certaines sociétés de distribution ont vu le jour sur la toile : Relay, Zinio ou lekiosque.fr proposent des formules d’abonnement qui permettent de télécharger un fac-similé des magazines qu’ils vendent en format PDF, rien de bien interactif en somme. Toutefois, quelques hebdomadaires comme Le Point s’engagent dans la vraie diffusion numérique en proposant à leur tour une maquette spécifique pour les tablettes.
(Dé)pression ?
Bilan des courses, un an après ? La presse n’est pas plus achetée sur tablette que sur papier. Wired qui affichait de beaux espoirs en juillet 2010 voit ses chiffres de ventes numériques retomber (Monjou, 2010). Les divers débats qui tournent autour des questions comme « les tablettes sauveront-elles la presse ? », même si ces discussions manquent souvent de profondeur parce que trop émotives, sont restés en l’état et n’apportent toujours pas de réponses solidement argumentées : les éditeurs de presse qui ont véritablement négocié le virage du numérique sont encore peu nombreux et les tablettes numériques, tous constructeurs confondus, ne sont pas encore assez répandues dans le public habituellement consommateur d’informations. Malgré toutes les spéculations qu’on peut trouver sur le net et ailleurs, les données dont on dispose ne sont pas encore suffisamment riches pour définir un quelconque phénomène de masse, qu’il s’agisse d’une adoption ou d’un rejet de la presse en numérique.
D’ailleurs, à ce sujet, les cabinets de conseils et les experts que consultent les entreprises et les groupes de presse prônent encore la patience. Même si on constate qu’un million d’iPad s’est vendu en 28 jours peu de temps après sa sortie (Deloitte, 2010: 5) Il n’en reste pas moins que le phénomène reste encore à l’état de niche commerciale. Certaines études privées pensent même que le produit serait en avance sur son temps : « La population mondiale vieillit. La plupart des plus de 50 ans croît. Les modes de consommation conservateurs peuvent donc perdurer, voire prendre du poids, par rapport aux modes progressistes. Mais à terme la part de ceux nés après les années 1980 l’emportera sur ceux nés avant. » (L'Atelier de BNP Paribas, 2008: 57).
On refait le Mac, le blog du chroniqueur et journaliste Olivier Frigara, fournit une illustration éloquente du débat actuel. C’est sans aucun doute devant la même perplexité qu’il a diffusé, le mois denier sur son podcast vidéo, un débat intitulé : « La presse, échec de l’iPad ».


Ainsi, la presse écrite, tentant de se renouveler sur la forme, ne ferait pas recette ou du moins pas dans l’immédiat. Elle en oublierait même le fond. Sans se poser plus de questions. Pourtant, le désamour du public envers ses médias ne date pas d’aujourd’hui. Il s’accroît et montre, malgré les tentatives de reconquêtes, que ce n’est justement pas un problème de forme, mais de fond. Toutes les raisons maintes fois évoquées pour expliquer la crise (hyperconcurrence entre les médias, coûts de production de la presse, faible rentabilité par rapport à la masse salariale, diversification des marchés publicitaires…) sont en contradiction avec l’essence même du journalisme.
Le terrain — et donc les déplacements — la collecte des informations, leur vérification, la réflexion, la mise en perspective, la synthèse, la recherche perpétuelle de nouvelles données, la corrélation… ces notions de base qui constituent le journalisme d’information depuis plus d’un siècle ont pour ainsi dire disparu des rédactions et des salles de nouvelles faute de temps, de moyens techniques et humains pour les exécuter. La presse, au même titre que n’importe quelle entreprise commerciale qui cherche à faire des économies, a coupé dans ce qui lui coûtait le plus cher, sans tenir compte du fait qu’il s’agissait de l’outil qui transforme la matière première : la masse salariale que représentent les journalistes et les moyens dont ils disposent pour mener à bien leur tâche.
C’est d’ailleurs ce que dénoncent les auteurs d’une étude en cours sur la production multisupport des groupes médiatiques français et qui publient dans les Cahiers du journalisme quelques résultats d’étape. Ils constatent que la modernisation des outils de production et leur mise en réseau redonnent au contrôle de l’entreprise un pouvoir central encore plus grand. De ce fait, il empiète sur la nécessaire autonomie des journalistes qui y travaillent ce qui constitue un paradoxe puisque c’est en les rendant hétéronomes [NDR : l’inverse d’autonomes] que les journalistes ne sont plus à même d’avoir leur potentiel de proposition qui permet à l’entreprise de contourner la « crise ». (Gestin et al., 2009)
Optimisme de rigueur
Heureusement, la généralité connaît quelques exceptions. Certains patrons de presse comme Michael Ringier, à tête du groupe RIngier propriétaire entre autres du quotidien suisse Le Temps et des magazines l’Hebdo et l’Illustré, argumente autrement le sauvetage de la presse écrite : « Le journalisme est la seule chose qui peut sauver l'écrit. L'iPad reste pour le moment un gadget. J'en ai un depuis plusieurs mois, mais je l'utilise peu. Cela va changer, nous l'utiliserons peut-être dans quelques années pour le business, mais cela ne sauvera certainement pas la presse écrite » (Larroque & Petit, 2010).
Pas de chiffres utilisables, pas d’expérience significative… Considérons alors, pour être optimiste, que la presse sur tablette numérique a encore de belles années d’expérimentation devant elle. Ce sera d’ailleurs aux journalistes de s’emparer de ces champs du possible, comme l’ont fait Zoé Lamazou et Sarah Leduc, en réalisant le projet multimédia « Congo, la paix violée », projet de forme expérimentale, chapeauté par la chaîne d’information internationale France 24 et délivré gratuitement sur la vitrine commerciale d’Apple. Diaporama, sons d’ambiance, textes, vidéo, photos… tous ces éléments captés ont fait l’objet, on le voit et on l’entend, d’un traitement de qualité sans perdre une once de l’objectif journalistique des deux reportrices : dénoncer le viol des femmes devenu monnaie courante au Congo, car utilisé comme arme de guerre.
De telles productions journalistiques peuvent servir de modèles. Mais avec les méthodes de gestion draconiennes des groupes de presse et même des médias indépendants, que demandera-t-on aux journalistes de demain qui devront produire, et bien sûr « écrire » en pensée, chaque image, chaque son, chaque séquence, l’agencement de tous ces éléments qui fera que le reportage ne pourra être modifié que par la réalité et non pas par ses multiples opérations de retraitement qui permettent de faire d’une séquence plusieurs images, d’un texte écrit un commentaire sonore, d’une simple idée une information qui ne sera jamais vérifiée.
Philippe Gestin et ses collègues que nous citions plus haut font référence d’ailleurs à ce que pourrait être le journaliste de demain, déjà identifié comme tel par la presse nord-américaine : le backpack journalist qui porterait tout sur son dos, capable de capter/produire de l’image, du son, du texte, de les agencer et de les diffuser dans la seconde qui suit l’événement. Mais, encore une fois, lui donnera-t-on le temps, le recul, la réflexion pour analyser le sens des messages qu’il transmet ?
Bibliographie
Deloitte. 2010. Marché des tablettes numériques - Phénomène de mode ou tendance de fond ? (Etude d'impact. Document disponible à l'adresse https://www.deloitte.com/print/fr_FR/fr/votre-secteur/technologies-media-et-telecommunications/6cfc90837abcc210VgnVCM3000001c56f00aRCRD.htm). Paris: Deloitte, Décembre 2010. 23 p.
Gestin, Philippe (dir.), Gimbert, Christophe, Le Cam, Florence, Magali, Rodhomme-Allègre, Rochard, Yvon, Romeyer, Hélène, & Ruellan, Denis. 2009. « La production multisupports dans des groupes médiatiques français : premières remarques ». in Les cahiers du journalisme. n° 20, Automne 2009, pp. 84-95.
L'Atelier de BNP Paribas. 2008. Etude sur les médias (Document disponible à l'adresse http://www.atelier.net/study-360). Paris: BNP Parisbas, 1er octobre. 63 p.
Larroque, Philippe, & Petit, Héléne. 2010. « L'iPad ne sauvera pas la presse écrite ». Le Figaro. En ligne le 27 mai. http://www.lefigaro.fr/medias/2010/05/26/04002-20100526ARTFIG00535-l-ipad-ne-sauvera-pas-la-presse-ecrite.php Consulté le 2011 15 février.
Monjou, Clément. 2010. La presse sur iPad est-elle déjà en crise ? eBouquin.fr. En ligne le 30 décembre. http://www.ebouquin.fr/2010/12/30/la-presse-sur-ipad-est-elle-deja-en-crise/ Consulté le 16 février 2011.

dimanche 6 février 2011

Souvenirs d'un début de convergence

Billet relatif au module #4

Relier les informations entre elles… Quel journaliste n’en a jamais rêvé ? Il se trouve que j’ai eu la chance de venir faire mes études au Canada bien avant de venir contempler les graffitis des murs des souterrains de l’université Laval. C’était au début des années 1990 à l’université de Moncton (N.-B.). Pour l’étudiant au bac en Info/Com que j’étais, l’année était on ne peut plus riche sur le plan international : après l’invasion du Koweït par Saddam Hussein, les États-Unis décidaient finalement d’intervenir militairement en Irak au début de l’année 1991.
L’informatisation de l’université de Moncton était déjà bien avancée. Certaines facultés commençaient même à exiger des étudiants que leurs travaux soient rédigés à l’aide traitement de texte. Le décalage était énorme pour moi, fraîchement débarqué de France, où les ordinateurs dans les universités ne servaient qu’à faire des calculs ou modéliser des objets en deux dimensions. Il faut néanmoins préciser que je venais de l’univers des sciences dites « exactes », à l’époque, seul « royaume » où les ordinateurs avaient un rôle.
Je me souviens aussi qu’on utilisait Windows 3.0 qu’il fallait lancer en tapant une commande... MS-DOS ! On avait alors accès à une petite batterie de logiciels bien plus graphiques qu’habituellement dont un traitement de texte qui tentait de montrer à l’écran ce qu’il allait imprimer, après quelques semaines de domptage, il faut bien l’avouer.
Parallèlement, je me souviendrai toujours de Bernard Derome, le premier soir de l’intervention américaine dans le Golfe, le 16 janvier 1991, qui nous répétait inlassablement « on est en guerre » (Société Radio-Canada, 1991). Je me souviens de tout cela, car, moi et mon pote Martin, suivions avec attention chaque minute diffusée sur Radio-Canada en même temps que nous travaillions sur les ordinateurs de la faculté des arts. On avait même eu un petit privilège de la part du Centre de calcul de l’Université : l’accès à un réseau interuniversitaire.
Sans qu’on soit vraiment conscient de la portée de cette nouveauté, on nous avait attribué une adresse électronique qui permettait, entre autres possibilités, de s’abonner à des listes de discussions ou des forums, des carrefours déjà virtuels où s’échangeaient des récits édifiants sur le quotidien de la guerre du Golfe. Les auteurs de ces textes étaient israéliens, libanais, égyptiens, jordaniens, irakiens... On avait l’impression de vivre en temps réel ce qu’ils nous racontaient : les missiles qui passaient au-dessus de leurs têtes, les explosions, les tirs… Nous découvrions, le lendemain seulement, à la télévision ou dans la presse, les images de ce que nous avions lu la veille au soir sur les écrans de nos ordinateurs. Jamais l’information n’avait été aussi rapide et surtout « gratuite », car elle ne nécessitait pas d’abonnement — très coûteux — aux téléscripteurs des agences de presse de l’époque que seuls de grands médias pouvaient s’offrir.
Néanmoins, le manque de transparence de ces nouvelles sources d’informations nous posait déjà un problème de traçabilité.
Je suis rentré en France en 1994. Internet, encore fantasmé dans notre quotidien sous l’appellation « autoroute de l’information », n’arrivait que dans quelques sphères privilégiées. J’ai dû patienter trois ans pour m’offrir mon premier accès analogique à internet depuis mon domicile. J’étais alors pigiste et je travaillais pour le compte de plusieurs médias de presse écrite. Le web me permettait d’accéder à certaines bases de données, ce qui me faisait gagner un temps précieux lorsqu’on est journaliste indépendant et donc autogéré.
Un jour, un journal régional anglais m’appelle pour me commander un papier sur les enjeux des laboratoires de déchets radioactifs, dossier que je suivais pour le quotidien Aujourd’hui en France. Il y avait une petite surprise technologique à la clef : pour la première fois, je devais envoyer mon papier par courriel pour publication le lendemain — il allait être traduit dans la nuit. Je me souviens avoir été amusé par la situation : la veille, j’avais dicté au téléphone le même article à ma rédaction parisienne qui ne l’avait toujours pas publié…
Entre Bagdad et Moncton en 1991, la distance avait été effectuée en une fraction de seconde comme cela était alors possible entre Londres et Paris, en 1997. Je pense que j’ai fait un rapprochement entre ces deux faits, parce qu’ils avaient le même fond. Je me rendais compte que le lieu d’où on émettait et celui où on pouvait recevoir n’avaient plus vraiment d’importance. Qu’ils soient proches ou éloignés, l’information transmise entre ces deux points restait la même sur le fond et surtout sur la forme, car il n’y avait plus de dégradation de la qualité du message.
Pour l’internaute technophile insatiable que j’étais alors — et que je suis toujours —, le début des années 2000 aura été pour moi « la décennie de tous les possibles », parfois au grand désespoir de mon portefeuille. Entre les assistants numériques personnels (PDA), les téléphones intelligents, la miniaturisation des unités de stockage de données (mémoires flash et disques durs), les ordinateurs portables et les appareils photo numériques, mon obsession quotidienne était, bien évidemment, que tout ce petit monde se comprenne mutuellement pour s'insérer dans le village international désormais à portée d'esprit. Dans mes fantasmes effrénés de geek, je rêvais à l’objet unique capable de... « tout » !
Mais j’ai dû me rendre à l’évidence.
« Disposerons-nous, chacun, d’un terminal unique, universel, simplement parce que c’est techniquement possible ? Son arrivée sur le marché est très peu probable, en raison précisément de la multiplicité des services et du poids des habitudes ou, plus simplement, de celui de la commodité d’usage. Les terminaux, demain, seront peut-être polyvalents, pour quelques-uns d’entre eux : les plus nombreux seront dédiés à une fonction, voire à deux seulement. » (Balle, 2009: 216)
À juste titre, je me retrouve aujourd’hui avec une panoplie de iBidules et de net.trucs qui communiquent tous entre eux. Est-ce vraiment utile ? Ça ne regarde que moi.
Bibliographie
Balle, Francis. 2009. Médias & sociétés, (14ème édition). Paris : Montchrestien, Lextenso éditions. 833 p.
Société Radio-Canada. (1991, mise à jour le 7 mars 2008). La guerre du Golfe éclate. Les Archives de Radio-Canada. URL : http://archives.radio-canada.ca/guerres_conflits/conflits_moyen_orient/clips/1051/ (consulté le 5 février 2011)