dimanche 16 janvier 2011

Températures désuètes au sein d'un village prophétique

Billet relatif au module #1

« Un médium froid — la parole, le manuscrit, la télévision — se définit par sa faible définition, au sens où une image ou un son contient peu d'information. » (Maigret, 2003)
Si, au début des années soixante, la télévision ne diffusait qu’une ou deux chaînes aux contenus semblables puisque de type généraliste, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Elle offre une multitude de canaux et de services — donc d’informations — que la seule attitude passive du téléspectateur de 1964 ne serait plus capable de décoder aujourd'hui. Elle a par ailleurs perdu sa singularité, sa fonction de diffuseur unique de flux d’images et de sons, et cela de deux façons :
  1. L’objet-télévision n’est plus le seul diffuseur de programmes dans les foyers ; les ordinateurs, les téléphones dits intelligents, les tablettes multimédias constituent autant de fenêtres ouvertes à ces canaux. Ces «nouveaux» objets demandent aussi, la plupart du temps, de procéder à des choix de visionnement de plus en plus précis, d’interagir avec l’image, le son, une infographie…
  2. Le même objet-télévision ne diffuse plus uniquement les programmes des chaînes disponibles. L’apparition de la télécommande — même si elle fut autrefois décriée, désignée comme responsable de la naissance des couch potatoes qui ne décollaient justement plus de leur canapé pour passer d’une chaîne à l’autre — a également modifié les comportements dans les foyers. Elle est devenue un nouveau «prolongement» (Maigret, 2003) du cerveau humain. Elle permet aujourd’hui d’accéder à un service de location de film, de jouer, de changer de type média (DVD, sondages en ligne, serveur de domotique), surfer sur internet... en tout cas d’adopter des comportements actifs et non plus passifs.
Les médias télévisés, en perpétuant finalement la transmission de flux d’images et de sons depuis plus de 50 ans, ont peu évolué sur le fond. La télévision n’a donc pu conserver, quant à elle, les mêmes fonctions puisqu’elle fait office désormais de moniteur, d’écran interactif, au même titre que celui d’un ordinateur.
McLuhan aurait sans doute plus de difficultés, à ce jour, pour la qualifier de médium froid tant elle sollicite l’attention de l’utilisateur. Son raisonnement était néanmoins on ne peut plus cohérent en 1964. Le téléviseur dans son intégrité physique était indissociable des médias qu’il diffusait et on pouvait donc l’assimiler à LA télévsion. Ses similitudes avec la parole et le manuscrit étaient évidentes pour en faire un «média froid» qui n'a plus le même sens aujourd'hui. 
Néanmoins, le prophétique « village global » de McLuhan semble, lui, rester d’actualité si on considère les phénomènes actuels de convergence des médias (Gasher, 2011) car la télévision, comme n’importe quel autre objet-média, tend à accéder à l’ensemble des médias — anciennement chauds ou froids — qui coexistent entre eux désormais sans véritable distinction : la presse écrite offre son contenu de façon électronique sur un écran, une chaîne de télévision publie ses grilles de programmes sur son site internet lequel est accessible depuis une tablette multimédia laquelle permet de programmer le visionnement ou l'enregistrement dudit programme tout en lisant la critique retranscrite qu'en a fait tel chroniqueur sur telle radio… Cette interconnexion permanente de tous les objets-médias et donc de tous les médias en une seule unité de lieu ou d’individu contribue à rendre encore plus global le fameux village de Marshall McLuhan.
Bibliographie
Gasher, M. (2011). Convergence des médias, Historica-Dominion. http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0009695. Consulté le 16 janvier 2011.
Maigret, É. (2003). Sociologie de la communication des médias. Paris: Armand Colin, pp. 101-109.

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